Avant
de s'intéresser aux élèves en difficulté
voire en grandes difficultés, il est indispensable d'interroger
l'acte d'apprendre sous des angles différents ce que nous pourrions
appeler la problématique des apprentissages. Car lorsqu'un élève
est en difficulté et plus encore en échec scolaire, de
quoi parle t-on, de qui parle t-on, qui est concerné ? D'un double
point de vue
l'élève qui ne comprend pas et
l'enseignant qui ne comprend pas qu'il ne comprenne pas et qui ne comprend
pas ce qu'il ne comprend pas
alors il nous faut des éclairages
multi référencés.
D'une manière générale, il s'agit de comprendre
la façon dont l'élève constitue et intègre
à ses habitudes mentales les nouveaux champs de savoirs qui lui
sont proposés.
L'articulation du didactique, du cognitif, du psychologique (affectif,
développemental et psychique) et du relationnel dans le travail
de l'enseignant correspond dès lors à la possibilité
de comprendre pourquoi et comment l'exécution d'une tâche
que l'on pensait a priori effectuable par un élève est
empêchée. Il nous faut interpellé ces différents
rapports.
Sur le rapport didactique et cognitif, les difficultés d'apprentissage
sont perçues comme reflétant un fonctionnement intellectuel
peu ou pas suffisamment efficient. L'enseignant va dès lors,
s'intéresser de plus près au fonctionnement de l'élève.
Son intention est de comprendre et de modifier la façon d'apprendre
et de structurer l'information que celui-ci met en uvre. Cette
orientation se traduit dans les objectifs.
A côté d'objectifs plus spécifiquement disciplinaires
comme : saisir la structuration d'une langue, travailler sur le sens
d'un texte, écrire les nombres, comparer des grandeurs
apparaissent d'autres objectifs tels que : apprendre à s'organiser
dans son travail, organiser logiquement ses propos, argumenter, émettre
des hypothèses, accepter l'erreur, améliorer le repérage
dans le temps et dans l'espace.
Il faut par ailleurs interroger les autres rapports.
La problématique des apprentissages dans ce cadre va s'intéresser
et questionner plusieurs facteurs plus ou moins déterminants
dans les situations d'apprentissage :
- L'apprentissage
se fait par un choix d'objectifs et un choix de situations, lesquelles
supposent la mise en uvre de quatre mécanismes intellectuels
qui s'inscrivent en même temps dans le corps de l'apprenant
par des réactions physiologiques, psychologiques, comportementales
et interagissent sans cesse entre eux.
- Sens
et incidences en rapport avec 6 verbes liés à l'apprentissage
devoir, pouvoir, vouloir, savoir, et, penser, apprendre
il s'agit
là de réflexions qui ne sont pas exhaustives mais qui
nous permettent parfois de comprendre ce qui se passe chez certains
sujets
- Que
faut-il accepter pour apprendre ?
- Les
élèves en difficulté se sentent en marge de l'acte
d'apprendre. Ils ont perdu l'habitude de s'impliquer dans les apprentissages.
Ils se sentent en marge de leur propre agir. Ils sont souvent dans
l'immédiateté et gèrent les situations sur le
plan affectif et émotionnel dans l'ici et maintenant. Ils sont
" dans l'instant et dans l'instinct ". Ils ne contrôlent
pas leur agir, ne se sentent pas vraiment responsable de leur choix,
des actes qu'ils posent
- Ces
élèves en difficulté ne participent que peu (ou
pas du tout) au dialogue pédagogique. S'intéresser aux
hypothèses de M. Postic et aux thèmes de Ph. Meirieu
- Questionner
les différents types de conduites (pensées) en jeu dans
les apprentissages, et les processus de contrôle.
- Connaître
la structuration des différents domaines d'apprentissage, les
savoirs déclaratifs, les savoirs procéduraux et leur
articulation avec les types de conduite.
- Mettre
en uvre les conditions pour que le sujet apprenne réellement.
(attitude à l'égard de soi - attitude à l'égard
des autres - attitude à l'égard de l'objet et de la
situation d'apprentissage - attitude à l'égard du changement)
- Percevoir
les comportements traduisant des résistances aux apprentissages
et agir.
- Face
aux publics ayant des troubles importants des fonctions cognitives,
la transformation des connaissances, leur organisation, dépendent
de leur utilisation. Si on ne mobilise pas, si on ne les met pas en
uvre, on va difficilement les transformer, et l'organisation
même des réseaux de connaissances sera déficitaire.
On voit là un cercle vicieux qui fait que, à sous fonctionner
on organise moins bien, et qu'ayant moins bien organisé on
peut moins facilement se rappeler et donc moins bien mobiliser ces
connaissances. C'est sans doute par ce biais-là qu'une partie
des aspects cognitifs du retard mental se construit.
Il ne faudrait pas s'enfermer dans ce côté fonctionnaliste.
- L'appareil
psychique (tel que définit par Freud) et toute réaction
"défensive" (sur le plan psychologique) met en jeu
divers procédés qui révèlent de ce qu'Anna
Freud a nommé les "mécanismes de défense
du Moi", mécanismes défensifs situés aux
confins de la conscience et de l'inconscience. L'enseignant spécialisé
doit avant tout savoir respecter les défenses de ses élèves,
vitales pour eux, sous peine de déclencher des catastrophes,
même si c'est en voulant de toute bonne foi agir pour le bien
de l'enfant. La règle psychopédagogique essentielle
est de ne pas heurter de front ces défenses, aussi pénibles
soient-elles parfois pour l'enseignant, comme scolairement invalidantes
pour l'enfant.
- .../...
Ce regard multi référencé devrait permettre un
début de compréhension des situations difficiles auxquelles
se trouve confronté l'enseignant spécialisé afin
d'élaborer un projet d'aide.
La relation d'aide se doit en tant que telle de prendre en compte
et s'efforce d'entendre et d'accueillir la problématique à
la fois globale et singulière de chaque apprenant en difficulté.
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