Le
partenariat peut se définir comme une démarche stratégique qui vise
à se donner à plusieurs les moyens de réussir une action, de mener à
bien un projet, d'atteindre un objectif, un but. Ceci n'est possible
que par la mise en commun des compétences des partenaires plutôt que
par la compétition, l'adversité.
Approche pragmatique du travail en partenariat
La mise en place d'un partenariat nécessite que les acteurs impliqués
dans l'action partenariale le construise. Il s'agit de dégager
des objectifs collectifs tout en permettant à chacun d'être
acteur à part entière du projet commun. Le partenariat
se définit essentiellement au niveau pragmatique. Les actions
communes et le rôle de chacun sont négociés ainsi
que la démarche collective (définition claire des enjeux
et objectifs, identification des acteurs concernés, analyse des
conséquences individuelles et collectives, recherche de solutions,
négociation, implication progressive des acteurs concernés).
La
construction du partenariat
Il ne peut être décrété, il ne suffit pas
d'annoncer que l'on travaille ensemble pour qu'une réelle action
partenariale soit effective C'est bien d'une "pratique à
construire" dont il est question, ce qui souligne l'importance
des conditions pragmatiques inhérentes à la notion de
partenariat.
" Le partenariat renvoie les partenaires à des relations
de négociation de confrontation, de partage de pouvoir, d'échanges;
il ne doit pas être "mandaté", il doit être
construit dans une démarche qui structure la relation s'établissant
entre les acteurs qui gère les interactions de façon coopérative
et qui met à profit savoir disciplinaire ; savoir faire professionnel
" D.Za
Le partenariat n'est donc pas premier, il ne s'annonce pas comme une
évidence, il ne peut être que la résultante d'une
négociation entre des acteurs ayant des enjeux, des intérêts,
des pratiques professionnelles différentes.
"La construction d'un partenariat, est à la fois un travail
d'ajustement et de compromis. Le premier favorise la coordination, le
second, la coopération. Ce travail n 'est évidemment ni
linéaire, ni lisse, il est réversible, il est aussi traversé
par des luttes d'intérêts ou de valeurs. Il implique diverses
transactions au plan fonctionnel ou symbolique".
La
co-construction d'une pratique partenariale nécessite de ne pas
gommer les différences la négociation d'un objectif commun
passe obligatoirement par des possibilités de conflit. Il ne
s'agit pas de dénier celui ci mais de construire un compromis
ou chacun conserve ses objectifs propres tout en acceptant de contribuer
à des objectifs communs.
Les
objectifs communs
Il est une construction négociée entre acteurs. Encore
faut il trouver des partenaires qui s'accordent sur l'objectif et acceptent
les contraintes du travail collectif, car il n'est pas facile de trouver
ceux qui reconnaîtront l'existence d'un problème commun
et accepteront de le traiter à plusieurs
La créativité du projet est d'autant plus forte qu'elle
bénéficie de l'hétérogénéité
des actions, celui ci sera plus riche si son élaboration est
commune, le produit final dépassera la simple addition des compétences
individuelles en présence Les principaux obstacles à la
conduite d'une action partenariale résident dans le manque de
références communes, il y a nécessité d'un
langage commun, d'un vocabulaire compréhensible par tous.
La place de chacun dans l'action partenariale
Une des possibilités de conflit dans le travail en partenariat
est l'écart entre la position qu'un acteur souhaite occuper au
sein de projet collectif et la position qui lui est proposée
ou imposée.
La reconnaissance des compétences et la place de chacun sont
primordiales dans le bon déroulement du projet. Un individu est
d'autant plus compétent professionnellement que sa compétence
est reconnue. Il importe pour que les acteurs puissent gérer
leurs rapports sociaux et leurs rapports de pouvoir à l'intérieur
du partenariat, que des dispositifs de régulation soient présents.
L'analyse du fonctionnement est nécessaire :
Comment se partagent les prises de décisions ? Qu'est ce qui
légitime la place que chacun occupe dans le partenariat ? Chacun
a t-il le même poids ? Qui bénéficie le plus de
ce travail collectif ?Quelles sont les frustrations, les ressentis d'inégalités
ou d'injustice ? Quelle marge de manuvre chacun possède
t-il pour prendre des décisions en vue de réaliser le
projet commun? Est ce que le mode de fonctionnement favorise le respect
des prérogatives et des missions de chacun ?
Toutes
ces questions participent du travail de régulation nécessaire
à l'ajustement du partenariat. La place que chacun occupe, croit
occuper ou ne pas occuper influence son propre degré d'implication
dans le projet commun, il va d'un investissement fort, d'une simple
participation, d'une présence à l'abandon du projet.
L'interaction entre le projet personnel, professionnel de chacun et
le projet collectif crée une tension qui vient interroger la
problématique identitaire de chaque acteur.
Peut
on éviter la confusion des rôles, le flou identitaire,
voir le malaise identitaire ?
Suivant le fonctionnement du partenariat, celui ci générera
un renforcement de l'identité professionnelle de chacun ou la
destruction des spécificités et des différences.
Les
conditions nécessaires pour un partenariat fonctionnel
Certaines conditions sont indispensables pour qu'un partenariat fonctionne,
nous allons en donner certaines, cette liste ne se veut pas exhaustive
:
La nécessité pour chaque professionnel de clarifier son
propre champ d'intervention, de parvenir à définir sa
fonction et à l'expliciter face à ses partenaires.La co-construction
d'un projet commun ou chacun participe dans une position égalitaire,
ce qui permet de créer une synergie, une éventuelle coopération.
La prise en compte de l'hétérogénéité
des fonctions, sans en vouloir gommer les différences.
L'écoute des enjeux et des intérêts de chacun dans
la mise en place d'un projet où chacun trouve sa place.
Le développement d'un projet commun qui soit à la fois
support et condition de bénéfice pour chacun.
La reconnaissance de l'interdépendance, la finalité du
projet de chacun à l'intérieur de l'objectif commun dépend
de sa collaboration avec les autres partenaires.
- Une division concrète du travail, avec des modes de suivis
et d'évaluation des résultats.
Le développement de compétences partenariales de chaque
acteur permettant un partenariat de communication authentique. (Écoute
de l'autre, capacité d'empathie, prise en compte des contraintes
de chacun, respect du rôle et de la personne).
"Se comprendre, ce n'est pas seulement "connaître"
le métier de l'autre, ni s'entendre sur des questions techniques.
Se comprendre, c'est assurer un respect mutuel, à commencer par
un égal à l' expressivité, le fait que chacun puisse
s'exprimer et formuler librement son argumentation. Se comprendre, c'est
tenir compte du point de vue de l'autre, accepter, précisément,
de le comprendre, donc adopter une attitude sociale "modeste"
et attentive à l'autre, sans pour autant abandonner son propre
point de vue".
Évaluation
du partenariat
L'évaluation participe de l'ensemble du travail partenarial.
Si le fonctionnement de l'ensemble des partenaires a permis une implication
réciproque de chacun, on peut faire l'hypothèse que l'évaluation
demande la même approche.
Qui évalue ? Quels sont les critères d'évaluation,
d'échec, la réussite ? Qui les définit ? Comment
sont répartis les bénéfices narcissiques de l'action
partenariale ? Qui en tire le plus de bénéfice et pourquoi
? Quels sont les effets du travail partenarial sur les équipes,
les individus, l'institution ?