| 
  Rappel clinique. 
         
          | Les 
              travaux poursuivis depuis une dizaine d'années avec l'équipe du 
              laboratoire de la Salpêtrière ont permis à B.Gibello de découvrir 
              des troubles singuliers de l'intelligence et de la pensée, non répertoriés 
              jusque là.Un exemple intuitif : celui d'une adolescente qui fut adressée au 
              service pour examen par le Dr.Voiseau qui menait un traitement psychothérapeutique 
              avec elle depuis plusieurs années. Dans son service, on l'avait 
              surnommée "la ravissante idiote".
 C'est une ravissante blondinette de 14 ans, souriante, avenante, 
              d'excellent contact, s'exprimant bien au cours de l'entretien. Tout 
              au plus, au cours d'un examen clinique classique pouvait-on observer 
              une discrète niaiserie et s'étonner de certaines formes d'élaboration 
              de sa pensée. Mais rien de particulièrement anormal n'apparaissait. 
              C'était d'autant plus surprenant que pour ce qui concerne la scolarité, 
              les troubles étaient sévères : elle n'avait pas dépassé le niveau 
              d'un cours préparatoire. Incapable de lire, d'écrire et de compter, 
              cette jeune fille présentait un retard scolaire massif, que les 
              discrètes particularités observées à l'examen clinique courant n'expliquaient 
              pas.
 Le bilan psychologique et psychométrique apportera des notions déterminantes 
              pour expliquer ses difficultés :
 
               
                | 
                     
                      Le niveau intellectuel exploré au WISC 
                      R confirmait l'impression clinique de normalité, montrant 
                      des capacités intellectuelles de niveau normal, avec des 
                      notes de QI aux environs de 95.L'organisation 
                      de la pensée et du raisonnement en revanche se révélaient 
                      particulièrement anormale, puisque celle d'une enfant âgée 
                      de 6/8 ans. 
                      Les épreuves projectives étaient atypiques, sans qu'on puisse 
                      conclure à une organisation pathologique spécifique de la 
                      personnalité.
 |  L'équipe 
              de BG se trouvait devant des résultats d'examen inattendus et très 
              surprenants. En effet, ils avaient l'habitude de croire à une forte 
              corrélation entre niveau des capacités intellectuelles, et la maturation 
              des processus cognitifs et logiques à un âge donné. Après avoir 
              soigneusement vérifié les examens pratiqués et aussi après avoir 
              rencontré d'autres cas semblables, ils furent amener à réviser leurs 
              croyances, et à découvrir que dans certains cas, capacités intellectuelles 
              et maturation cognitivo-intellectuelle se trouvaient disjointes.Dès lors BG a rencontré des dizaines de cas semblables, où apparait 
              ce syndrome de "retard d'organisation du raisonnement", ainsi que 
              des cas analogues dans le tableau clinique, mais différent sur le 
              plan de l'évolution, puisque l'altération des processus cognitifs 
              et du raisonnement est survenue après une longue période où ils 
              étaient normaux.
 Par exemple, une telle symptomatologie est fréquente dans les suites 
              d'un traumatisme crânien chez des sujets adultes, ou au décours 
              d'une évolution de processus démentiels chez un sujet âgé. BG a 
              proposé de désigner les cas de cette espèce "Régression d'organisation 
              du raisonnement".
 |  1. Questions de nosographies.
         
          | La découverte 
              des R O R le conduisit à réfléchir à nouveau sur la question des 
              "dysharmonies cognitives pathologiques" mises en évidence une dizaine 
              d'année plus tôt.:Ces D C P constituent un autre syndrome caractérisé par le développement 
              très hétérogène du raisonnement et des processus cognitifs, tel 
              que dans certains secteurs, le sujet organise normalement sa pensée, 
              alors que dans d'autres elle paraît particulièrement retardée.
 André fut le premier cas de DCD rencontré par BG. Cet adolescent 
              de 14 ans était pensionnaire d'un établissement destiné aux mineurs 
              délinquants à la suite de délits mineurs. D'intelligence de niveau 
              normal, et sans troubles graves de la personnalité, il avait suivi 
              une scolarité très épisodique, en raison de sa préférence pour l'école 
              buissonnière. Son niveau scolaire était d'un médiocre CM1. Il était 
              considéré comme un "cas social", sans pathologie particulière.
 Après quelque temps de séjour dans un établissement, il demanda 
              à suivre des cours de dessin technique pour lui permettre de réussir 
              un apprentissage auquel il tenait beaucoup. A cette occasion, il 
              se révéla qu'il pensait l'espace en termes, non pas euclidiens, 
              mais en terme d'espace quasi topologique, c'est-à-dire comme le 
              pense un enfant de 6 ans. Cette particularité entraînait des conflits 
              réitérés avec son enseignant de dessin technique : il ne pouvait 
              pas comprendre le bien fondé des critiques qui lui étaient faites 
              de son travail, tandis que l'enseignant, lui-même interprétait comme 
              du mauvais vouloir l'effet de ses difficultés cognitives. Aussi 
              la relation maître-élève était-elle en fait une relation conflictuelle, 
              chacun considérant l'autre comme un persécuteur, et chacun étant 
              dans l'incapacité de saisir que l'autre ne pensait pas l'espace 
              de la même façon que lui.
 Dans ce cas, le bon niveau intellectuel de l'enfant faisait méconnaître 
              les anomalies graves de la construction des processus cognitifs 
              : les processus dynamiques qui nous font reconnaître les propriétés 
              euclidiennes ne s'étaient pas développés chez André. Et cependant, 
              les autres processus cognitivo-intellectuels étaient normalement 
              développés.
 Cette observation, renouvelée ensuite à maintes reprises chez des 
              sujets de tous âges et dans des circonstances très diverses amena 
              à proposer d'ajouter aux troubles classiques celui de "dysharmonie 
              cognitive pathologique" DCP puisque ce trouble avait une spécificité 
              indéniable.
 En effet, la nosographie classique distingue dans les troubles de 
              l'intelligence 4 variétés principales, si on met de côté la question 
              des délires et les problèmes posés par les sujets surdoués.
 
 
               
                | 4 
                  variétés 
                     
                      Les troubles instrumentaux, 
                      comprenant les retards et les défauts d'acquisition de gnosies, 
                      de praxies, de l'expression parlée ou écrite, ainsi que 
                      les troubles perceptifs sensoriels tels que la cécité et 
                      la surdité.Les 
                      démences, caractérisées par la perte de tout ou partie 
                      des capacités intellectuelles antérieures.Les 
                      débilités mentales, spécifiées par le retard global 
                      du développement de l'intelligence, sensible cliniquement, 
                      socialement, scolairement et psychométriquement.
Les 
                      inhibitions intellectuelles, c'est-à-dire la non utilisation 
                      par le sujet de capacités intellectuelles cependant présentent 
                      en lui. |  |   
          |  |  2. Si on revenait sur les inhibitions intellectuelles :
         
          | Il 
              est manifeste que les quatre variétés classiques de troubles de 
              l'intelligence ne recouvrent pas les R O R ni les D C P. Pour des 
              raisons diverses, beaucoup de cliniciens ont pris l'habitude de 
              désigner et de considérer ces troubles comme des inhibitions intellectuelles. 
              Cette habitude est fâcheuse, puisque par définition, dans les inhibitions 
              intellectuelles, le développement des processus cognitivo-intellectuels 
              s'est fait normalement alors que pour les R O R et les D C P, il 
              s'agit de dysgénèse de ces mêmes processus.(Pour Freud les inhibitions sont à comprendre comme l'expression 
              soit d'une limitation fonctionnelle du moi avec différentes origines, 
              soit se situe dans le cadre de l'auto punition (névrose d'échec) 
              soit procède d'un appauvrissement d'énergie et le sujet n'arrive 
              pas à contenir...émotion et deuil...)
 Il est manifeste que les D C P et R O R n'entrent pas dans le cadre 
              des inhibitions intellectuelles. C'est pourquoi j'ai proposé de 
              compléter la nosographie classique par une 4ème variété regroupant 
              R O R et D C P. Le nom que je suggère est celui de "troubles des 
              contenants de pensée" , pour des raisons que nous allons expliquer.
 |  3. Les Dysharmonies cognitives pathologiques (DCP)
         
          | Elles 
            touchent certainement au moins 3 à 4% de la population d'enfant d'âge 
            scolaire, 10 à 30% des sujets traumatisés du crâne. Elles se caractérisent 
            chez un sujet donné par la coexistence de processus de pensée et de 
            raisonnement normaux dans certains secteurs, avec dans certains autres 
            secteurs, des altérations graves de ces mêmes processus. Chez les 
            sujets adultes, on constate la dégradation de processus acquis, et 
            chez les enfants, leur retard du développement. |  4. Les retards d'organisation du raisonnement (ROR)
         
          | Ils 
            constituent la forme complète de la symptomatologie des retards d'organisation 
            du raisonnement. Il s'agit de sujet dont les capacités intellectuelles 
            n'apparaissent pas atteintes, en ce sens qu'ils ne se comportent pas 
            comme des débiles mentaux, et que les tests de capacité intellectuelle 
            (QI) ne montrent pas de déficit. Cependant, ils raisonnent avec des 
            structures de raisonnement très archaïques pour leur âge, et leurs 
            compétences practo-gnosiques sont généralement fort médiocres, contrastant 
            avec des capacités d'expression verbale sensiblement normales. Ces 
            sujets ont probablement été autrefois isolés cliniquement sans être 
            situés dans une classification heuristique, par l'aliéniste Chaslin 
            au siècle dernier sous le nom de "sots", par le professeur Zazzo sous 
            le nom de "débiles à Q.I normaux" il y a une vingtaine d'années. On 
            peut distinguer les retards et les régressions d'organisation du raisonnement, 
            respectivement chez des enfants et des adultes ou des vieillards. |  Contenants et contenus de pensée1. Distinguer les capacités intellectuelles et l'organisation de la 
        pensée.
         
          | L'existence 
              même des DCP et des ROR met en évidence la nécessité de distinguer 
              les capacités intellectuelles de l'organisation des processus cognitivo-intellectuels.Nous sommes familiarisés avec la notion de capacité intellectuelle 
              : c'est ce qu'évaluent, suivant le mot de Binet, les tests d'intelligence 
              permettant le calcul d'un Q.I. C'est aussi ce qui est évalué intuitivement 
              lors d'un examen clinique, et qui fait considérer, suivant les cas, 
              l'interlocuteur comme "intelligent", "et pourtant pas bête" ou encore 
              "limité", "obtus", etc. Des méthodes d'examen systématique peuvent 
              préciser ces impressions qualitatives. Mais, pour fixer les idées, 
              observons que nous supposerons, toutes choses égales d'ailleurs, 
              comme intelligent un sujet intéressé par ce qu'on lui dit, curieux 
              de l'environnement, émettant des hypothèses, exprimant facilement 
              ses idées, et capable de tenir compte simultanément de plusieurs 
              dimensions ou facteurs. Nous pouvons parfaitement arriver à la conclusion 
              que le sujet est intelligent à des âges tendres, où la pensée s'est 
              mal organisée, les raisonnements mal construits, les connaissances 
              réduites.
 
 L'organisation 
              cognitivo-intellectuelle se laisse moins facilement apprécier, 
              car les modalités de développement des processus intellectuels décrites 
              par les psychologues généticiens et cognitivistes sont souvent mal 
              connues des cliniciens.
 Il semble qu'on puisse sans simplification excessive identifier 
              l'organisation cognitivo-intellectuelle et ce que les piagétiens 
              nomment "la fonction sémiotique", c'est-à-dire la capacité de représenter 
              quelque chose par autre chose, et en particulier par des représentations 
              mentales. Le nom vulgaire de la fonction sémiotique est "fonction 
              symbolique" ou "symbolisation" mais en raison de la grande polysémie 
              du mot "symbolique", BG estime préférable l'emploi mot sémiotique, 
              beaucoup mieux défini.
 Comment ce que nous percevons du monde matériel, du monde des personnes 
              avec lesquelles nous sommes en relation, et de notre monde intérieur 
              se transforme en représentation mentales conscientes et inconscientes 
              intervenant dans nos processus de pensée : telle est en somme la 
              question de l'organisation cognitivo-intellectuelle.
 |  2. Contenant de pensée
         
          | Les 
            contenus de pensée sont faits de ces représentations psychiques : 
            perception et émotions hic et nunc, souvenirs évoqués, projets et 
            anticipations. Nous sommes généralement inconscients de ce que ces contenus de pensée 
            ont sens pour nous seulement par l'effet de contenants de pensée.
 Les contenants de pensée les plus anciennement connus sont les processus 
            praxiques et gnosiques, qui, donnant sens aux perceptions sensorielles 
            ou aux séquences motrices nous permettent de reconnaître l'objet perçu 
            ou de choisir le mouvement à réaliser dans un certain but.
 
 Le langage constitue un autre contenant de pensée ; depuis 
            longtemps, les linguistes nous ont montré qu'un mot dans un discours 
            ou un texte prend sens par effet de contexte, par les liens paradigmatiques 
            et syntagmatiques qu'il noue avec d'autres mots. Ils nous ont aussi 
            montré qu'il en va de même pour les monèmes, ces fragments de mots 
            porteurs d'une signification élémentaire, comme par exemple en français 
            les préfixes "a" ou "in" ou les suffixes "ements" ou "tions". En l'absence 
            de contenant linguistique, la forme sonore ou visuelle des mots peut 
            être perçue, mais non leur sens, comme nous en faisons l'expérience 
            en écoutant parler une langue inconnue.
 Quand le contenant linguistique n'a pas été constitué, on se 
            trouve devant ce que la clinique neurologique nomme "audi-mutité". 
            Quand il a été perdu, on observe les aphasies, les surdités ou les 
            cécités verbales, au cours desquelles les mots vus ou entendus restent 
            lettres mortes.
 De même, les contenants de pensée cognitifs, relatifs par exemple 
            à l'espace, au temps, à la logique donnent sens aux contenus 
            de pensée correspondant. La psychologie génétique nous montre combien 
            les contenants de pensée cognitifs évoluent avec l'âge, faisant par 
            exemple passer notre conception de l'espace d'une axiomatique quasi-topologique 
            à une axiomatique euclidienne, ou encore notre conception du temps 
            d'un temps circulaire à un temps historique.
 
 Enfin la représentation que nous avons de nous-mêmes, dans ses différentes 
            appellations : schéma corporel, image de soi, self, objet narcissique, 
            se construit-elle à partir de ce qu'Anzieu désigne sous le nom d'enveloppes 
            psychiques, fonction contenante primordiale : le "Moi Peau".
 
 BG propose comme définition générale des contenants de pensée l'univers 
            psychique dans lequel des contenus de pensée peuvent :
 - 
            apparaître
 - 
            prendre sens
 - 
            être compris, par soi même et par les autres
 - 
            et être communiqués.
 Un contenu de pensée est indéterminé, insignifiant, "élément bêta" 
            au sens W. Bion, tant qu'il n'a pas été pris dans un ou plusieurs 
            contenants de pensée qui l'aient transformé en "élément alpha".
 
 BG considère que l'altération ou la dysgénèse des contenants de pensée 
            se manifeste par :
 - la négligence 
            de certaines perceptions, ou le caractère "insignifiant" de celle-ci, 
            ou encore leur compréhension fragmentaire, syncrétique. Ces négligences 
            ou insignifiances sont à l'origine de nombreuses difficultés d'apprentissage, 
            tant sociaux que scolaires ou professionnels.
 - Les 
            oublis ou altérations de souvenirs, ainsi que de graves difficultés, 
            voire une impossibilité d'apprendre par l'expérience.
 - La difficulté 
            ou l'impossibilité d'anticiper des événements ou d'évoquer correctement 
            des chronologies.
 - Les 
            troubles de la personnalité où prédominent les anomalies des représentations 
            de soi, et l'impression d'être "mal dans sa peau".
 - Des 
            troubles du langage, de la logique, des dysgnosies et des dyspraxies.
 - &Etant 
            entendu que ces symptômes coexistent dans la plupart des cas.
 
 L'observation générale que le trouble commun aux ROR et aux DCP était 
            l'incapacité à donner un sens à des contenus de pensées banalement 
            compris par les sujets normaux a donc amené à opposer aux contenus 
            de pensée (perceptions, affects, souvenirs, fantaisies) les contenants 
            de penéee. Dans cette perspective, les contenants de pensée sont les 
            processus dynamiques par lesquels prennent sens les contenus de pensée.
 
 On connaît depuis le siècle dernier les processus practo-gnosiques, 
            qui précisément donnent sens à des perceptions sensitivo-sensorielles, 
            ou à des séquences motrices. Ces processus constituent une partie 
            seulement des contenants de pensée. Schématiquement, on peut considérer 
            comme contenants de pensée les contenants de pensées cognitifs, qui 
            comprennent les gnosies et les praxies, l'organisation du raisonnement. 
            Il s'ajoute à ces contenants cognitifs ceux constitués par le langage, 
            le fantasme inconscient au sens Freudien, et le système narcissique 
            de représentation de soi. Il convient probablement d'y adjoindre des 
            contenants collectifs, tels que la tradition familiale, la culture, 
            etc.
 |  3.Contenus de pensée et genèse des contenants de pensée.
         
          | Ce 
            qui peut être présent, élaboré, à notre conscience à un moment, ce 
            peut être un souvenir précis, complet, une citation de poésie mais 
            aussi quelque chose de flou, de vague, un mouvement émotionnel, sentiment 
            de malaise ou de bien être corporel, et des quantités d'autres choses 
            qui nous passent par la tête, occupent notre pensée sans que nous 
            y donnions forcément un sens. Un sens est donné à ces contenus de pensée par les processus que sont 
            les Contenants de pensée.
 Ils mettent en forme, donnent une signification aux contenus, peuvent 
            également remettre en forme des contenus passés pour redonner une 
            nouvelle signification. (On peut après coup réaliser que ce à quoi 
            on avait cru auparavant est faux : par exemple, on élabore ses connaissances, 
            ses représentations au fur et à mesure que les contenants de pensée 
            deviennent de plus en plus puissants, capables de faire des modifications, 
            associations d'idées, corrélations diverses.)
 A propos de l'évolution de ces capacités de comprendre 
            et de donner sens à ce qui arrive, il faut dire un mot du concept 
            important qui est celui de " mémoire de travail " 
            (working mémory).
 La mémoire de travail c'est la petite quantité 
            de mémoire qui est à notre disposition pour prendre 
            conscience de l'instant.
 
 Exemple : lors d'une conférence, "votre" mémoire 
            de travail qui est occupée par les sons fabriqués avec 
            la bouche, transmis par le micro, est occupée aussi par la 
            perception de l'environnement mais ceci n'est pas très important 
            car l'environnement ne bouge pas, elle est peut être occupée 
            par le confort ou l'inconfort des chaises, par un malaise que vous 
            avez
 
 Cette mémoire de travail se représente par "ce 
            dont nous avons conscience à un instant donné".
 C'est une mémoire de faible capacité et c'est à 
            travers cette faible capacité que se font les échanges 
            entre notre psychique et le reste.
 La mémoire de travail à une durée d'à 
            peu près 2 secondes.
 Si on détourne notre attention de quelque chose, notre mémoire 
            se dégage et on peut se centrer sur autre chose.
 On ne peut penser simultanément à plus de 7 choses 
            (l'empan mnésique varie de 2 à 7), 7 objets et quand 
            on pense à 7 objets et qu'on est capable de les manipuler individuellement 
            c'est qu'on est déjà très fort.
 Cette notion de mémoire de travail, il est important de savoir 
            qu'elle est la même chez le bébé de quelques jours 
            que chez le vieillard.
 La capacité de la mémoire de travail ne varie guère 
            à travers l'existence ce qui varie par contre c'est l'habileté 
            avec laquelle on peut grouper les éléments de manière 
            à ce qu'ils forment un ensemble et ne soient plus seulement 
            5 ou 6 objets isolés.
 
 Exemple : dans un premier temps, nous sommes capables de mémoriser 
            7 chiffres, et au fur et à mesure que nous augmentons nos connaissances 
            en mathématique, nous sommes capables quand nous avons bien 
            travaillé, de regrouper l'ensemble des naturels dans l'ensemble 
            N ce qui fait 1 seul objet à la place d'une infinité.
 
 Ceci est le regroupement et cela nous permet de penser d'une façon 
            plus complexe.
 Cette notion de mémoire de travail et cette notion que ce qui 
            change c'est l'organisation que nous pouvons faire des connaissances 
            que nous avons sont une donnée tout à fait fondamentale 
            qui a révolutionné les conceptions et théories 
            de Piaget.
 Piaget pensait en effet l'inverse : qu'il y avait une modification 
            des structures au sens des structures de mémoire et d'attention 
            et on sait aujourd'hui que les structures de mémoire ne sont 
            pas changeables et que par contre, c'est la capacité à 
            concentrer l'information qui change.
 La théorie de Piaget sur le plan de la théorie abstraite 
            a été totalement révisée mais il faut 
            savoir aussi que le schéma général que Piaget 
            avait repéré d'évolution du raisonnement et des 
            processus cognitifs en plusieurs stades a toujours quelque chose de 
            valable.
 
 Après cette parenthèse sur la mémoire, revenons 
            au sujet.
 Les contenants 
              de pensée donnent sens, donne forme, permettent de comprendre 
              des contenus.C'est 
              un mauvais mot car en fait ces contenants sont un processus dynamique.
 
 Un verre de bière est bien le contenant de la bière 
              mais ça reste immobile quand la bière est dedans.
 
 Alors que les contenants de pensée sont des processus dynamiques 
              qui agissent sur le contenu ou inscrivent le contenu dans des réseaux 
              associatifs pour lui donner sens.
 
 Petite histoire : l'alchimiste est confronté, quand il débute, 
              à la fabrication du solvant universel.
 L'apprenti, tout à coup, vient dire au maître qu'il 
              a fabriqué le solvant universel. Et le maître le félicite 
              et lui dit alors "dans quoi l'as-tu mis ?"
 
 Ceci pour expliquer la différence entre le contenant et le 
              contenu.
 Nous distinguons trois types de contenants :
  a) 
              les contenants archaïquesb) les contenants langagiers
 c) les contenants groupaux sociaux, culturels.
 |  3. 1 Les contenants de pensée archaïques
         
          | Ce 
            sont ceux du bébé. Certains pensent qu'ils se forment 
            très tôt, dès la naissance à mon avis. 
            Jusqu'à présent, même si on a pu vérifier 
            si c'est dès la naissance, c'est de toute façon très 
            tôt que le bébé est muni de ces contenants de 
            pensées archaïques. Ces contenants de pensées archaïques sont au nombre de 
            trois :
 
 Contenant de pensée cognitifs
 Contenants de pensée fantasmatiques
 un 3ème groupe est constitué 
            par les contenants de pensée narcissiques
 Le processus du marquage sexuel :Ce premier type 
            est représenté par ce que Freud a décrit sous 
            le nom de fantasme originel. Ces fantasmes originels, ce sont des 
            structures psychiques qui ont la propriété de mettre 
            en forme et de donner sens à nos excitations sexuelles.
 On 
            ne sait pas vraiment comment le bébé pense ses expériences 
            d'excitation des zones érogènes mais vous et moi nous 
            pensons quand nous avons un émoi sexuel en terme de séduction, 
            puis il y a quelque chose qui passe dans le registre du fantasme de 
            castration, de frustration et plus loin de frigidité, d'impuissance.
 
 Le 
            3ème élément met en forme les émois sexuels 
            qui nous passent par la tête et nous avons une représentation 
            de ce que nous pourrions faire dans l'intimité.
 Freud dit que c'est le fantasme de scène primitive (une représentation 
            du coït parental qui constitue un modèle).
 Ces trois fantasmes originels
 - fantasme 
            de séduction
 - fantasme 
            de castration
 - fantasme 
            de scène primitive
 sont les premiers éléments, premiers contenants de pensée 
            qui vont donner sens à ces émois sexuels. Du moins c'est 
            ce que Freud pensait, et que ça s'arrêtait là.
 Or, depuis, on sait qu'il y a en 4ème type de fantasme qui 
            intervient et en particulier chez les enfants handicapés, c'est 
            le fantasme d'auto-engendrement. C'est le fantasme de s'être 
            fait soi-même, de s'être engendré soi-même.
 Cela paraît quelque chose d'inventé par des psychanalystes 
            fous or cela court les rues, du moins les contes et les mythes :
 - L'oiseau 
            phoenix qui renaît de ses cendres est une forme d'auto-engendrement.
 - Les 
            vampires sont des natures qui s'auto-engendrent.
 
 Ce 
            fantasme est important en pathologie mentale mais c'est aussi un fantasme 
            banal normal que l'on rencontre chez les enfants. De nombreux enfants 
            pensent être nés avant leurs parents.
 
 Ces quatre fantasmes 
            originels sont la pierre de touche de ce qui pourra ensuite donner 
            naissance à des troubles pathologiques du type des psychoses, 
            névroses
 Freud a expliqué dans un article célèbre comment 
            la pensée ainsi constituée souffrait de points faibles, 
            susceptibles de perturber gravement son fonctionnement.
 Cette conception rend compte de la constitution et du développement 
            de l'objet libidinal.
 
 Marquage épistémophilique :Les contenants de pensée cognitifs sont ceux qui vont 
              donner sens à ce que nous percevons du monde extérieur 
              et ce que nous essayons de comprendre du monde extérieur.
 Quand on rencontre quelque chose de nouveau, on le touche, on le 
              tourne
jusqu'à ce que nous ayons compris à quoi 
              ça sert
 Le contenant de pensée cognitif est constitué par 
              l'élaboration des réflexes innés, c'est-à-dire 
              une vingtaine de réflexes dont sont pourvus la quasi-totalité 
              des bébés et qui font que chaque bébé 
              normalement constitué sait sucer, fermer la main quand il 
              a quelque chose dans sa paume, suivre des yeux, au moins pendant 
              un instant, un objet qui se présente devant son regard et 
              a un certain nombre d'autres réflexes qui sont moins importants.
 Ces réflexes très rapidement se renforcent, deviennent 
              très puissants et peuvent être appliqués par 
              le bébé à des objets différents, à 
              des objets initiaux.
 Et c'est ainsi que le bébé suce, en même temps 
              qu'il suce il éprouve du plaisir dans la zone érogène 
              en question, et ça s'organise avec les fantasmes originels, 
              mais en même temps qu'il suce, il fait des expériences 
              cognitives.
 D'ailleurs on peut remarquer que, si on laisse le bébé 
              (qui n'a aucun souci particulier ; ni trop chaud, ni trop froid
) 
              il va sucer le coin de son drap, son pouce, sucer le jouet
mais 
              aussi sucer le rayon lumineux qui passe, une odeur, un son. Mais 
              ceci bien sûr ne vaut pas
 Une 
              des premières catégorisations est de distinguer les 
              objets suçables des objets non suçables. De la 
              même manière, il y a les objets qu'on peut suivre du 
              regard et ceux qu'on ne peut pas
De la même manière, 
              il y a les objets que l'on peut prendre, taper, cogner, secouer 
              et ceux qu'on ne peut pas
 Dans 
              les premiers temps de la vie de l'enfant, il est extrêmement 
              occupé à découvrir ce qu'il peut faire sur 
              le monde et à en tirer des conséquences et des observations 
              importantes.On sait aujourd'hui que le bébé est quelqu'un de très 
              compétent. Différents chercheurs ont montré 
              des expériences qui en rendent compte. Dès un très 
              jeune âge, un bébé est capable d'une part d'observer 
              des événements qui surviennent et qu'il est capable 
              d'exercer un contrôle sur ces événements, si 
              du moins le contrôle est possible. S'il est en situation de 
              pouvoir le faire, s'il en a la compétence, il va essayer 
              de le faire et lorsqu'il réussit, il en éprouve beaucoup 
              de satisfaction.
 On peut conclure de ces observations que la curiosité, la 
              recherche de la solution à des problèmes, l'investigation 
              du monde concret est source de plaisir pour le nourrisson d'une 
              manière autre que le sont les relations avec les personnes.
 C'est pourquoi BG propose de distinguer les objets libidinaux classiques 
              et les objets " épistémiques " dont le développement 
              initial procède de mécanismes différents.
 Les objets épistémiques se distinguent par le fait 
              que le sujet cherche à obtenir d'eux un effet concret et 
              matériel, et qu'il s'intéresse fondamentalement à 
              les contrôler, à répéter les résultats 
              obtenus et à étendre ces résultats à 
              d'autres objets. Sur le plan économique, la pulsion d'emprise 
              me paraît être leur source d'investissement.
 
 Ces contenants de pensée cognitifs existent d'emblée. 
              Ils se développent en même temps que la motricité, 
              les organes des sens du bébé se développent 
              et se combinent. Il semble y avoir un mouvement d'organisation et 
              il faut remarquer que ce mouvement, quant au processus cognitif, 
              apparaît dans le domaine où le bébé est 
              compétent.
 Alors 
              que le domaine de la sexualité et le domaine du fantasme 
              vont se développer dans un domaine où le bébé 
              ne l'est pas, dans un domaine où il est dans une situation 
              d'impuissance. Car 
              probablement l'un des critères les plus déterminants 
              : quand on est capable de réaliser quelque chose, on le 
              fait.Quand on n'est pas capable mais qu'on en a envie, on le rêve.
 Quand 
              le bébé est compétent, il fait son truc, quand 
              il ne l'est plus, il organise des fantaisies dans sa tête 
              : ce que, avec les psychologues cliniciens, on nomme, le processus 
              "primaire".Les contenants 
            de pensée narcissiques Ce sont 
            ceux qui s'occupent de donner un sens aux représentations que 
            nous avons de nous-mêmes. Pour ces contenants de pensée, 
            il est plus difficile que les précédents de se rendre 
            compte de leur importance et de leur réalité.
 Exemples tirés de la pathologie montrant que ces contenants 
            sont importants dans l'organisation de la pensée :
 
 - Un sujet amputé d'un membre : il arrive souvent 
            que la personne ait l'illusion que le membre existe, qu'il le sente, 
            il perçoit un membre fantôme. Cette notion de membre 
            fantôme est quelque chose qui fonctionne anormalement chez le 
            sujet amputé mais qui est quelque chose qui est de l'ordre 
            de ses contenants de pensée narcissiques.
 
 - Autre exemple d'inter-action des contenants narcissiques 
            : le syndrome d'Anton Babinsky. C'est le cas d'un hémiplégique 
            avec lésion du cerveau non    dominant qui peut 
            parler et qui crie que quelqu'un veut le pousser hors du lit, prendre 
            sa place ou même que quelqu'un lui fait des propositions. Il 
             ressent un intrus dans son lit. Ce malade ne reconnaît 
            plus comme lui appartenant la moitié paralysée de son 
            corps.
 
 Or nous, nous avons une idée de notre corps qui est constituée, 
            nous avons une idée de notre posture
mais il est surprenant 
            de voir que lorsque ce contenant de pensée narcissique ne marche 
            plus normalement, on a des impressions, des illusions, des symptômes.
 
 Mais ces contenants de pensée narcissiques qui donnent une 
            forme et un sens à ce que nous ressentons de notre corps, de 
            notre identité, ils existent d'une façon moins dramatique 
            :
 - Exemple : quand on se sent bien ou mal dans sa 
            peau,
 - Quand on est à l'aise, quand aussi on entend 
            comme un double avec qui on discute. La plupart des gens se parlent 
            de temps en temps.
  
                - Ceci fait partie de ce qui est mis en forme par les 
              contenants de pensée narcissiques. Ces 3 types de contenants 
              de pensée aboutissent aux alentours du 6ème mois de 
              la vie de l'enfant jusqu'à environ la 12ème année, 
              à lui permettre de constituer tout un ensemble de représentations 
              psychiques, de construire tout un ensemble de connaissances 
              à partir des expériences vécues. Tout 
              un tas de représentations psychiques, liées les unes 
              aux autres par des liens associatifs, des liens d'analogie, de continuité, 
              de contiguïté dans l'espace et le temps.Qu'est ce qui 
            vient après ces contenants de pensée archaïques,Il y a un stock d'expériences qui se constitue en représentations 
              d'images, représentations d'images qui sont très différentes 
              de l'une à l'autre personne. Ce stock de représentations, 
              obtenu, construit par les contenants de pensées, autour de 
              la 1ère ou de la 2ème année est un stock d'images 
              qui est fini.
 
 On pourrait 
              les dénombrer. Il y a des expériences et ce sont ces 
              dernières qui sont dans la mémoire.
 Ce stock d'images, ces contenants de pensée qui ont mis 
              en formes des contenus, des expériences diverses, constituent 
              sans doute le préalable nécessaire au développement 
              harmonieux ultérieur de l'intelligence, du raisonnement et 
              d'une façon générale de la personnalité.
 |  3. 2 Le contenant de pensée langagier
         
          | C'est-à-dire 
              que le bébé apprend à nommer avec des mots, 
              des images qu'il a en tête.Il apprend à dire l'objet et cela ne va pas tout seul. Pour 
              l'essentiel, le bébé occupe de 18 mois à 5 
              ans, 5ans1/2 son temps à apprendre à dire ce qu'il 
              sait faire et il faut qu'il le fasse : "le faire" est 
              une nécessité importante pour que ces contenus se 
              constituent.
 
 La transposition des images mentales, des représentations 
              psychiques par les mots amène une métamorphose de 
              la pensée pour différentes raisons,
     a) 
              D'une part, dans le langage, il y a entre les mots des liens associatifs 
              en plus, des liens associatifs qui sont entre les images stockées.On peut jouer avec les mots, faire des ritournelles, des jeux de 
              mots, des structures (paradigmatiques, syntagmatiques, grammaticales
) 
              qui imposent une forme, une organisation qui n'est pas dans l'organisation 
              des expériences non verbalisées.
     b) 
              D'autre part, le langage permet d'accéder à l'expérience 
              d'autrui.Avant le langage, le seul moyen d'accéder à l'expérience 
              d'autrui est l'imitation.
 On peut échanger, se raconter, s'expliquer. Par la forme 
              du langage écrit, on peut accéder à une mémoire 
              beaucoup plus importante que celle de toutes les personnes à 
              côté de soi, on peut accéder) toute l'expérience 
              de l'humanité.
 Les 
              représentations psychiques langagières sont différentes 
              des représentations psychiques archaïques en ce sens 
              :- qu'il 
              y a un autre réseau associatif qui apparaît.
 - que 
              cette espèce de double réseau n'est pas finie
 Grâce 
              au langage, je peux construire de nouvelles représentations 
              que je n'ai pas expérimentées moi-même.Je peux apprendre de quelqu'un d'autre. C'est un des éléments 
              puissant du langage qui sous-tend le fait que les chats peuvent 
              apprendre des trucs par exemple mais ils ne peuvent apprendre qu'en 
              jouant. Je ne peux leur apprendre en parlant.
 Ce 
              contenant de pensée langagier est très puissant, très efficace 
              :
 Pour apprendre, pour penser dans sa tête, élaborer ses idées, 
              réfléchir, prendre en compte, communiquer, échanger.
 La pensée s'est donc considérablement modifiée depuis les premières 
              expériences de représentations archaïques.
 Elle va se modifier encore sous l'influence d'un troisième 
              niveau de contenant de pensée qui est celui des contenants 
              de pensée culturels.
 |  3.3 Contenants de pensée culturels, sociaux, groupaux
         
          | Ces 
              contenants de pensée sont multiples.Quelques exemples :
 - Les 
              habitudes de chaque famille
 - On 
              appartient à un certain réseau culturel intellectuel
 - On 
              favorise certaines choses, on n'aime pas certaines autres.
 Cet 
              ensemble de positions se superpose aux contenants de pensée 
              antérieurs pour amplifier, souligner ou supprimer certains 
              effets. D'autre 
              part chaque culture va promouvoir un certain nombre de représentations 
              culturelles ou spirituelles qui vont être utilisées 
              pour penser. Finalement, 
              les contenants de pensée groupaux ont la propriété 
              d'engendrer des illusions.C'est un aspect méconnu jusque là qui est, que, lorsque 
              nous sommes réunis dans un petit groupe, il se crée 
              entre les différents membres (sauf anomalie) une représentation 
              du groupe, qui est toujours l'idée qu'on constitue un bon 
              groupe, que leader est un bon chef et que " les autres ", 
              il est dommage qu'ils ne soient pas avec nous.
 Cette 
              illusion "groupale" a d'autres cousins : illusions contagieuses 
              culturelles et ces illusions vont modifier les représentations 
              psychiques que nous avons et imprimer un certain nombre de choses 
              nouvelles qui ne sont pas forcément de notre expérience.           Exemple 
              : une variété d'illusion groupale : le racisme. 
              
 La race en question est l'élue, les autres sont des "chiens".
 Dans ce cas là, il y a des manques considérables dans 
              la pensée de ceux qui sont pris dans cette illusion.
 
 Les contenants de pensée culturels sont pour l'essentiel 
              des choses qui sont transmises par le langage et des choses qui 
              sont transmises par la tradition, les contes, les traditions culturelles.
 
 Il faut cependant ajouter une autre source, qui fait une sorte de 
              pont avec les contenants de pensée cognitif.
 En ce qui concerne les contenants de pensée cognitifs de 
              tout à l'heure, il faut se souvenir que le bébé 
              sent, est occupé, vaque à ses occupations, s'intéresse 
              à l'environnement, ne s'intéresse pas, s'intéresse 
              essentiellement à comprendre ce qui se passe
 Bien sûr que le bébé est occupé à 
              autre chose et on a passé sous silence à ce moment 
              là, le fait que le bébé est aussi en relation 
              avec des personnes.
 |  4.Évolution des troubles des contenants de pensée (TCP)
         
          | En 
            l'absence de traitement adéquat, on observe assez souvent une 
            évolution continue assez souvent une évolution continue 
            et progressivement aggravée dès TCP. On rencontre en 
            effet fréquemment des enfants présentant initialement 
            une DCP, se transformant ultérieurement en ROR, et parfois 
            ensuite en une débilité mentale. Une évolution 
            similaire peut être retrouvée chez les sujets d'intelligence 
            normale initiale en effet, on constate l'apparition d'une DCP, à 
            laquelle peut succéder une régression globale de l'organisation 
            du raisonnement pour aboutir dans un troisième temps à 
            un tableau clinique de démence. |  5. Gravités des troubles des contenants de pensée.
         
          | Ces 
              troubles constituent des atteintes graves :- de 
              l'intelligence qu'un sujet peut avoir de son environnement.
 - Des 
              processus cognitifs qui ne lui permettent pas de donner un sens 
              à ses perceptions et à ses souvenirs.
 - Des 
              processus praxiques qui permettent normalement les apprentissages 
              moteurs et leur extension à l'acquisition de la logique.
 - Du 
              langage qui permet d'élaborer les relations avec autrui et 
              avec soi-même, et d'accéder au domaine de la mémoire 
              sociale écrite.
 - Des 
              capacités d'apprentissage scolaire, professionnel et social.
 Leurs 
              conséquences sont extrêmement sévères, 
              car ils perturbent très considérablement les possibilités 
              de socialisation des enfants. Habituellement, les sujets présentant 
              des TCP ne dépassent pas le niveau d'une classe de CM1 et 
              il s'avèrent incapables d'acquérir une compétence 
              professionnelle quelconque.Durant l'enfance, leur échec scolaire est massif, et inentamé 
              par les classes d'adaptation, SEGPA, rééducation etc.
 Ces enfants devenus adultes constituent une partie importante des 
              "adultes de bas niveau de formation", "adultes de 
              bas niveau de qualification" et "illettrés".
 Chez les adultes, la survenue de TCP amène une importante 
              déqualification, avec perte de nombreux apprentissages antérieurs, 
              et extrême difficulté à en acquérir de 
              nouveaux.
 Ainsi les TCP font-ils des enfants et des adultes des invalides 
              sociaux.
 Enfin, leur survenue chez les sujets âgés transforme 
              un vieillard alerte en un vieillard entièrement dépendant 
              de son entourage et nécessitant des soins et une surveillance 
              constante.
 En même temps que s'affinent nos instruments pour les découvrir, 
              les TCP apparaissent plus fréquent qu'on ne l'aurait cru 
              initialement. En effet, ils sont souvent méconnus, ou camouflés 
              par des troubles du comportement ou des infirmités.
 |   
          |  |  6. Causes des troubles des contenants de pensée
         
          | Les 
              causes des TCP apparaissent multiples.Les troubles graves de la personnalité ont été 
              mis en évidence les premiers en pathologie mentale :
 - dysharmonies 
              évolutives psychopathiques, psychotiques ou névrotiques,
 - psychoses,
 - autisme 
              infantile,
 - perturbations 
              narcissiques graves.
 Il est à noter que dans un nombre de cas important, les manifestations 
              de TCP constituent la première manifestation clinique sensible 
              des troubles de la personnalité qu'ainsi ils révèlent. 
              On en rapprochera les conséquences des carences affectives, 
              des abandons précoces réitérés et des 
              syndromes dépressifs infantiles.
 
 Les troubles des premières relations mère enfant interviennent 
              souvent dans le déterminisme des troubles,
 - soit 
              en raison de l'existence d'une dépression thymique grave 
              de la mère, l'empêchant de tenir son rôle dans 
              le développement de l'enfant,
 - soit 
              en raison de l'absence ou de l'incompétence de la mère, 
              perturbant gravement l'évolution des phénomènes 
              transitionnels,
 - soit 
              encore en raison de la transplantation de l'enfant dans un milieu 
              et une culture étrangère (enfant coréens adoptés 
              par exemple).
 
 Des 
              affections somatiques chroniques peuvent également être 
              concomitantes de DCP, sans que l'on puisse encore préciser 
              s'il s'agit de relations de cause à effet ou d'effet d'un 
              facteur commun.
 C'est ainsi que les TCP surviennent avec une fréquence anormalement 
              élevée chez les enfants IMC (Infirmes moteurs cérébraux), 
              chez les enfants myopathes, et, en général, chez les 
              enfants paralysés. Ils semblent également être 
              fréquents chez les enfants cardiopathes ou rhumatisants chroniques 
              graves.
 Les lésions cérébrales par tumeurs, pathologique 
              vasculaire infectieuse ou hémorragique sont depuis longtemps 
              connues des neurologues pour être à l'origine de "troubles 
              des fonctions nerveuses supérieures", et en particulier 
              de troubles agnosiques, apraxiques et aphasiques que je considère 
              comme des perturbations des contenants de pensée cognitifs 
              et linguistiques. On en rapprochera :
 Les traumatismes crâniens chez l'enfant, et surtout chez l'adulte, 
              entraînent souvent des TCP d'autant plus dramatiques qu'ils 
              sont habituellement méconnus, et donc ni traités, 
              ni indemnisés.
 Les traumatismes encéphaliques liés à un traitement 
              de tumeur cérébrale par radiations ionisantes d'enfants 
              en bas âge semblent aussi avoir une part dans les TCP observés 
              dans ces cas.
 Il en va de même pour les traumatismes somatiques graves. 
              On soupçonne les difficultés de réhabilitation 
              fonctionnelle après les traumatismes somatiques, accidents 
              de la voie publique, du travail, amputations chirurgicales, infarctus 
              cardiaques étendus, lésions divers du système 
              nerveux central (quadriplégies, aphasies traumatiques, etc.) 
              puissent être, entre autres, liés au développement 
              à bas bruit de TCP.
 Les dépressions thymiques de l'adulte et du vieillard semblent 
              également à l'origine d'un nombre important de TCP, 
              surtout chez les vieillards où elles constituent souvent 
              le début d'un processus démentiel.
 |  Conclusions
         
          | Intérêt 
              de la notion de trouble des contenants de pensée. La 
              notion de contenant de pensée apparaît comme particulièrement 
              intéressante dans les domaines ci-après : Intérêt dans le domaine psychopathologique cliniqueen 
              psychopathologie infantile :troubles de l'intelligence
 dysharmonies évolutives
 infirmités motrices cérébrales
 psychoses, autismes, débilités mentales, etc.
 atteintes somatiques, chroniques telles que cardiopathies, rhumatismes, 
              myopathies, etc.
 en psychopathologie des démences à tous âges
 en psychopathologie des traumatismes crâniens à tous 
              âges
 en neuropsychologie (apracto-agnosies, aphasies)
 en psychopathologie des sujets souffrants d'atteintes corporelles 
              graves.
 Intérêt dans le domaine de l'éducation, de 
              la rééducation et de la pédagogie chez 
              les enfants et adolescents en échec scolaire,chez les mêmes devenus adultes et devenus des "sujets 
              de bas niveau de qualification", "sujets de bas niveau 
              de formation" ou "illettrés" des services 
              de la formation permanente.
 Chez les sujets victimes d'accidents graves ou d'amputations, pris 
              en charge dans les services de réhabilitation fonctionnelle.
 Intérêt 
              en regard des découvertes récentes sur les conditions 
              de la mémorisationNos connaissances 
              relatives à la mémoire, aux conditions de mémorisation, 
              et aux processus d'apprentissages ont été bouleversées 
              par diverses découvertes récentes. En particulier, 
              les travaux de Mischkine et Appenzeller ont mis en évidence 
              la nécessité de distinguer une mémoire "d'habitudes", 
              à expression essentiellement motrice, renforcée par 
              les répétitions, et une mémoire de significations, 
              telles que seules les perceptions ayant pris sens et connotations 
              émotionnelles sont mémorisées. Pour cette forme 
              de mémoire, les réitérations sont inutiles, 
              le sens saisi une fois étant correctement mémorisé. 
              La notion de contenant de pensée rend compte de cet effet 
              de sens nécessaire à la mémorisation. Approches thérapeutiquesIl 
              ne saurait être question dans le temps limité de cet 
              exposé de décrire en détail les moyens thérapeutiques 
              développés dans le cadre de mon laboratoire à 
              l'Hôpital de la Salpêtrière. Je me contenterai 
              de donner une esquisse des voies d'approche que nous explorons. Cinq 
              pistes semblent actuellement particulièrement prometteuses 
              : - expériences transitionnelles
 Où l'on cherche à réactiver les phénomènes 
              transitionnels et à permettre l'abandon de positions archaïques 
              d'omnipotence.
 - psychologie de l'action
 Où est mise à profit la tendance de l'appareil psychique 
              à faire coïncider ses croyances avec ses actes, sous 
              peine de dissonance cognitive. L'engagement dans un tel travail 
              est facilité par les effets inconscients de l'action accomplie 
              sur l'action à venir : obtenir de quelqu'un une première 
              action sans importance facilite grandement l'obtention ultérieure 
              d'une action impliquante.
 - découverte du corps
 La relaxation psychanalytique dans la perspective de Sapir et Bergès 
              constitue un mode d'accès de choix ç la problématique 
              narcissique. Elle est un moyen des plus efficaces pour permettre 
              l'évolution favorable de nombreux cas de DCP et de ROR.
 - expériences en écho
 Le renvoi en écho des productions motrices ou verbales constitue 
              un puissant moyen de développement de l'image de soi, et 
              d'élaboration des contenants de pensée cognitifs, 
              en particulier dans des cas d'infirmité motrice cérébrale.
 - découvertes cognitive bien tempérée
 Une pédagogie rigoureusement conduite peut permettre une 
              évolution spectaculaire des sujets aux contenants de pensée 
              perturbés.
 D'une 
              manière générale, la perspective des Troubles 
              des Contenants de pensée nous amène à reconsidérer 
              les processus d'apprentissage, d'acquisition de connaissances, de 
              prise de sens et de conscience, ainsi que les déficits de 
              ces fonctions : pertes de mémoire, dysmnésies, échecs 
              et pertes d'apprentissages et la pathologie de leur constitution. 
              Cette remise en question des notions classiques débouche 
              sur des innovations multiples tant sur le plan clinique que thérapeutique, 
              éducatif et pédagogique. Elle conduit également, 
              dans une perspective intégrée de la psychopathologie, 
              à proposer diverses modifications de la théorie psychanalytique 
              classique afin d'y faire une place à l'objet épistémique 
              et aux contenants de pensée. |   
        (CR à 
          partir des conférences avril 89 et février 92)
 Pour aller plus loin :
  GIBELLO, Bernard/ LEBOVICI, Serge. Préf : "L'enfant à l'intelligence 
          troublée : nouvelles perspectives cliniques et thérapeutiques en psychopathologie 
          cognitive"
 Paris : Le Centurion, 1984. 226 p.
  GIBELLO, Bernard : " La pensée décontenancée : essai sur la pensée 
          et ses perturbations" Bayard, 1995. 287 p.
  Les ouvrages de B. Douet
  BERGER, Maurice : "Les troubles du développement cognitif : approche 
          thérapeutique chez l'enfant et l'adolescent" Privat, 1992.
  
 
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